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Symposium 3
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Récits d’expérience et biographiques : donner du sens aux trajectoires et construire une identité professionnelle évolutive. Partie I Dans un monde marqué par des trajectoires professionnelles souvent fragmentées et non linéaires (Bessin et al., 2010 ; Denave, 2015 ; Negroni & Bessin, 2022), les récits d’expérience sont des dispositifs privilégiés pour comprendre comment les formé-es articulent leurs histoires de vie avec leurs parcours professionnels. Ces récits montrent que les trajectoires professionnelles ne résultent pas uniquement de décisions délibérées, mais sont aussi façonnées par des ruptures, des bifurcations et des ajustements imposés par des événements personnels ou contextuels tels que le chômage, la migration ou les reconversions (Duffy et al., 2016). Les dispositifs de mise en récit développés pour accompagner les professionnel-les en formation ou en reconversion visent à favoriser une réflexivité sur leur nouvelle identité professionnelle, leurs choix de carrière et leurs expériences passées. Selon Rochex (1995), le sens se produit à l’intersection de l’activité et de la subjectivité, permettant aux individus de réguler leur parcours en fonction de leur biographie personnelle. Ces espaces narratifs permettent aux formé-es de réajuster leur identité professionnelle, revisiter leurs choix et réconcilier leurs aspirations personnelles avec les réalités institutionnelles. Dans le cadre de ce symposium, à travers l’analyse de récits produits dans différents dispositifs de formation, on cherche à mettre en lumière le rôle des récits comme espaces de reconstruction du sens de l’expérience, des choix de carrière, ou d’une identité évolutive en s’appuyant sur les questions suivantes : • Comment les récits d’expérience permettent-ils aux formé-es de prendre conscience des facteurs qui ont influencé leurs choix de carrière et de construire un sens nouveau à leurs trajectoires professionnelles ? • En quoi ces récits contribuent-ils à la construction et au développement d’une identité professionnelle évolutive ? • Quels effets les dispositifs de mise en récit ont-ils sur les trajectoires professionnelles, notamment en termes de réorientation, de validation d’acquis ou de projection dans l’avenir ? Presentations of the Symposium Écrits biographiques et réflexifs dans le cadre d’un dispositif de VAE préalable à la formation d’enseignant·es Dans le cadre d’un dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) à la HEP Vaud, des personnes en reconversion professionnelle (Perez-Roux, 2019) et âgées de 30 ans ou plus s’engagent dans une démarche réflexive pour devenir enseignant·es en valorisant leur propre parcours. Ce processus, qui combine des séminaires collectifs, hybridation, accompagnement individuel et production narrative et analytique, constitue une véritable entrée en formation en permettant aux candidat·es de s’approprier le référentiel de compétences professionnelles, d’expliciter les leurs et de donner du sens à leur parcours (Weber Guisan, 2023). Dans cette communication, nous explorerons la manière dont l’écriture biographique (Dominicé, 2019) produite dans ce contexte les amène à prendre conscience de la pluralité des facteurs ayant influencé leur choix de devenir enseignant·e et en quoi cette démarche narrative et réflexive s’inscrit comme un levier de développement professionnel (Jorro, 2022) et identitaire (Bourgeois, 2018). Adoptant une approche exploratoire, notre analyse thématique inductive repose sur une dizaine de dossiers de candidat·es VAE. Enfin, notre double posture de chercheuses et de formatrices nous conduit à mettre en perspective ces analyses avec nos propres observations du dispositif, afin de mieux comprendre comment la VAE constitue un pont entre expérience, formation et construction identitaire. Les récits autobiographiques réalisés par des enseignant·es en seconde carrière : retour sur un parcours aboutissant à une reconversion professionnelle Dans cette contribution, nous présentons les premiers résultats d’une analyse de contenu réalisée avec Atlas Ti. Il s’agit d’un corpus de 80 récits autobiographiques rédigés par des enseignant-es en seconde carrière (ESC) pour être admis ou certifié dans quatre hautes écoles de pédagogies. Nous observons comment ces personnes convoquent leurs expériences passées et justifient leur choix alors qu’elles sont en plein processus de professionnalisation et de reconversion professionnelle (Négroni, 2005). Selon Bar-Tal & Biberman-Shalev (2022), les ESC se distingueraient des enseignant-es en première carrière en termes de motivation. Ainsi Coppe et al. (2021) mettent en avant les push factors, qui poussent à quitter un milieu professionnel, tels qu’un accident de travail, des relations professionnelles conflictuelles, et les pull factors, comme les aspirations à entamer une nouvelle carrière, l’envie de transmettre ou d’améliorer sa qualité de vie (Coppe et al., 2021 ; Kristmansson & Fjellström, 2022). Les ESC apportent en outre des connaissances professionnelles et une familiarité avec le fonctionnement des institutions les rendant plus aptes à gérer les problèmes organisationnels que celles et ceux qui sortent directement de la formation (Watters & Diezmann, 2015). On s’interrogera sur la façon dont ces expériences préalables sont conscientisées et valorisées par leurs auteur-ices. Repenser les dynamiques du développement professionnel dans une perspective rythmanalytique Cette communication s’appuie sur des observations issues de ma pratique de séminaires « Histoires de vie » (Dominicé, 1990) développée au cours de ces 20 dernières années avec des adultes inscrits en formation universitaire, ainsi que sur mes recherches autour des temporalités et des rythmes des processus de (trans)formation (Alhadeff-Jones, 2017). Reconnaissant la valeur (trans)formative d’une démarche biographique portant sur la réinterprétation des événements marquants et des discontinuités de l’existence, cette contribution propose d’interroger – de manière complémentaire – la place occupée dans les récits de vie par les expériences manifestant une forme de rythmicité. Ce faisant, la notion d’inconscient rythmique (Alhadeff-Jones, 2020) est introduite pour rendre compte des patterns dont la répétition organise, souvent à notre insu, certains apprentissages informels sur le long cours. L’approche proposée ouvre la voie sur une clinique rythmanalytique, comme méthode d’accompagnement centrée sur le développement d’une capacité réflexive à analyser et à réguler les phénomènes de continuité et de discontinuité qui (trans)forment les parcours de vie personnelle et professionnelle. Mise en mots de l’expérience, construction des sens et émancipation de la part de candidat.es à la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) Dans cette communication, qui vise à interroger la mise en mots de l’expérience à partir de résultats de recherche portant sur l’écriture de dossiers VAE à l’université, je propose de questionner le processus de production des sens, la réflexivité comme processus d’appropriation de sa propre histoire, mais aussi comme mode de subjectivation et d’émancipation se construisant notamment sur la base de découvertes réalisées (Morisse, 2016, 2020). Une réflexion sera proposée également autour de la notion d’identité professionnelle, avec une visée de désidentification, d’inventivité et d’ouvertures sur des possibles (Morisse, 2022). Pour cela, nous mobiliserons des auteurs et autrices provenant de différents champs disciplinaires, comme la clinique de l’activité (Clot, 2008, 2003), la sociolinguistique (Faïta, 2000 ; Boutet, 1995, 2001a et 2001b), la philosophie (Rancière, 1987, 2012), l’anthropologie (Laplantine, 2005, 2015 ; Le Breton, 2014, 2016) principalement. | ||